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Carnets de campagne d'un citoyen ordinaire
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19 mars 2007

Testostérone

Décidemment, cette année la misogynie primaire n’est plus l’apanage des beaufs dans le milieu de la voile comme dans le monde politique. Dans le Journal du Dimanche d’hier, un homme pour lequel j’avais estime et admiration, le navigateur Jean-Luc Van den Heede s’en prend grossièrement à Maud Fontenoy pour tenter de minimiser sa performance. Au-delà de la consternation qu’inspire la bassesse de ses propos, on reste fasciné par la similitude de sa réaction avec celle des hommes politiques de tous bords à la démarche de Ségolène Royal. Comme titre malicieusement le journal en reprenant les propos mêmes du viril navigateur : « Sportivement, c’est nul ! »

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J
Ségolène Royal, la femme voilée<br /> <br /> Les adversaires mâles de Ségolène Royal ont réussi un subtil tour de force, amener de très nombreuses personnes des deux sexes à amplifier de façon inconsciente la moindre de ses erreurs en les mettant en résonance avec des doutes millénaires sur la capacité des femmes à exercer le pouvoir en France, tout en imposant l'idée que tout avantage qu'elle tirerait de sa féminité serait un signe de sa faiblesse et de son incompétence, la preuve qu'elle n'aurait d'autre projet à proposer au pays que celui d'élire pour la première fois une femme à sa tête. Elle a été sommée (parfois très violemment par des femmes) de voiler ce mal de tête dirigeante dont le pays a toujours été préservé et de prouver qu'elle avait des couilles. Elle a bien essayé d'identifier son audace à celle de Jeanne d'Arc qui avait pu faire semblant d'en avoir pour des batailles d'un autre temps, mais la mauvaise foi de l'exigence finaude raille à raison toutes ses tentatives d'en trouver de modernes pour soutenir une comparaison à la hauteur de son ambition historique, car elle sait, des profondeurs de sa perversion, avoir plongé cette prétention féminine dans une équation inextricable qui n'a pour but que de la perdre. <br /> <br /> En réalité, sans la déloyauté de la concurrence masculine, en toute modernité, elle n'aurait nul besoin de se munir d'autres armes que celles dont la nature l'a dotée. Mais Ségolène Royal est victime d'un fait inquiétant pour notre époque qui dépasse largement le cadre de la politique. De façon générale et de tout temps, les hommes ont toujours eu peur des effets parfois dévastateurs des pouvoirs féminins sur les leurs. Ils ont trouvé de multiples façons de les voiler pour s'en protéger quand il leur faut jouir de tous leurs moyens pour étaler leur supériorité, confinant l'exposition de certains de ces démons à l'espace très réduit de jouissances privées. Le voile islamique en est la version la plus voyante, mais il en existe bien d'autres, plus subtiles, plus vicieuses, car les femmes ont fini par prendre leur défense à leur compte, elles sont vestimentaires, physiques, mentales, etc. Observez avec profondeur la grande majorité des couples autour de vous, quelles que soient les races, les religions, les mœurs, même quand les femmes semblent être en position avantageuse, vous constaterez qu'en réalité elles sont voilées par une définition d'elles-mêmes qui a été fortement infiltrée par les paramètres des intérêts de la domination masculine qui leur imposent souvent de réagir avec une violence inouïe face à celles qui n'y souscrivent pas totalement. Quand un homme dit à une femme sans y croire qu'elle est la plus belle au monde, qu'il lui dit "je t'aime comme tu es" pour lui signifier qu'il n'est pas nécessaire qu'elle cherche à se faire plus belle, derrière ce qu'on pourrait considérer comme une lumineuse preuve d'amour, il y a le désir de voiler des pouvoirs qu'on redoute de ne pas pouvoir contrôler.<br /> <br /> Se révoltant de devoir ainsi abandonner des atouts naturels primordiaux là où leurs vis-à-vis masculins peuvent les écraser des leurs, certaines femmes décident parfois de les brandir comme elles ne devraient pas. On les verra alors allumeuses, putes, sottes (parfois d'une couleur de cheveux seulement), incompétentes, porteuses de maléfices qui ouvrent droit à toutes sortes de violentes répliques mâles, mais aussi femelles comme on l'a souligné, de consœurs aigries de ne pas avoir le courage ou les moyens ou même l'idée d'explorer elles-mêmes les territoires interdits. <br /> <br /> Si les femmes réclament leurs droits à l'égalité avec les hommes, il leur sera presque toujours exigé d'être capables de se mesurer à ceux-ci à armes-mâles égales. Ainsi, toutes les fonctions d'un chef d'état ayant été prévues pour être exercées par un homme, on ne cherchera même pas à savoir si leurs rendements ne seraient pas améliorés si on les modifiaient pour les adapter à des qualités spécifiquement féminines quand c'est nécessaire. <br /> <br /> On attend de la candidate à la présidence de la République qu'elle soit capable d'user de la même vigueur vocale et musculaire que ses concurrents mâles quand elle communique, toutes les richesses de l'expression féminine devant être proscrite, on attend d'elle qu'elle soit capable de serrer les fesses pour éviter tout déhanchement féminin et emprunter l'allure virile quand elle passe les troupes en revue, on attend d'elle qu'elle voile sa féminité pour essayer de se montrer à la hauteur masculine de la fonction.<br /> <br /> Il est donc interdit aux femmes d'exploiter les atouts propres à leur sexe pour accéder au pouvoir et pour l'exercer, et c'est vraiment dommage. J'ai la certitude qu'elles possèdent des particularités qui pourraient changer en bien la face du monde si on leur permettait de les exprimer. Il ne s'agit pas d'affirmer qu'elles seraient meilleures que les hommes, mais les hommes ont toujours été des hommes et ont pu de tout temps utiliser toutes leurs potentialités de mâle, notamment dans l'exercice du pouvoir, il serait temps de laisser les femmes être des femmes en toute circonstance, j'ai la certitude qu'elles libéreraient alors des richesses insoupçonnées, pour le bien de l'humanité. Elire une femme pour qu'elle gouverne comme un homme, c'est certainement bon pour la parité, pour le partage du pouvoir entre les deux sexes, mais ce n'est pas un véritable progrès pour la femme, car ça ne libère pas. Selon moi, la libération totale des femmes ne se sera pas concrétisée le jour où elles auront les mêmes droits que les hommes, mais le jour où elles auront récupéré tous leurs droits d'être entièrement des femmes quels que soient leurs choix et leurs ambitions. Libres, il ne leur sera pas facile de se définir, de savoir dans quelles directions elles devront se chercher, car elles ont été contraintes de voiler leurs véritables profondeurs depuis des millions d'années (même si au début de l'humanité il était nécessaire que certaines libertés des deux sexes soient sacrifiées afin de permettre à l'espèce de s'organiser pour se perpétuer, j'ai acquis la certitude qu'il n'était pas nécessaire pour les êtres dotés d'intelligence que nous sommes devenus que ça dure autant, et que de nombreuses contraintes socio-génétiques auraient dû être levées depuis bien longtemps si des intérêts fainéants n'avaient freiné nos pensées) et il leur faudra beaucoup de temps, de réflexions et de débats pour y parvenir. Elles auront certainement besoin de l'aide de la science et de leurs ex-geôliers mâles dans leur quête. <br /> <br /> Je terminerai en évoquant un fait qui peut alimenter la réflexion sur cet article. J'ai eu à lire une dépêche où l'on cite des bouts de phrases d'un échange par presse interposée entre monsieur Sarkozy et madame Royal, le journaliste conclut celles de l'homme par "a-t-il tancé", "a-t-il fustigé", "a-t-il assené" et celles de la femme par "s'est-elle indignée", "s'est-elle insurgée", "a-t-elle déploré", alors qu'elle a été dure et cinglante. <br /> <br /> JMTB, un homme. <br /> <br /> Source: http://espritlibre.blogs.nouvelobs.com/
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