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Carnets de campagne d'un citoyen ordinaire
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13 février 2007

Décryptages

    Il faudra bien un jour qu’une équipe de chercheurs se penche sur cette campagne de dénigrement systématique, insidieuse et multiforme. En attendant, c’est chaque jour qu’il faudrait relever plusieurs dizaines d’exemples. Et je n’y puis évidemment suffire. Tout juste puis-je noter ce qui me revient en mémoire du peu que j’ai lu, entendu ou vu.

Ainsi, lundi, de cette miraculeuse unanimité des médias sur la question du chiffrage. Il m’arrive de penser que l’attitude de certains journalistes résulte d’avantage d’une sorte d’autocensure (motivée par la peur) que de leur soumission aux ordres de leur direction. Or, si c’était le cas, on aurait eu ce lundi des critiques sans doute aussi nombreuses mais beaucoup plus diversifiées. Au lieu de quoi, nous avons du subir cette unanimité, qui ne laisse pas d’inquiéter tant il est évident qu’elle ne peut être qu’orchestrée. Mais l’argument, choisi à la va vite, leur est très vite revenu en boomerang, quand les économistes sollicités ont chiffré le projet de Ségolène à la hauteur de celui de Sarkozy, et même plutôt en dessous, et qu’ils ont eu le culot d’ajouter qu’au demeurant le premier avait sa cohérence, contrairement au second. Depuis lors, silence radio, on est passé à autre chose. Ils ont eu leur chiffrage, mais ils ont oublié qu’ils l’avaient réclamé à corps et à cris.

Une technique désormais bien rodée consiste à faire s’affronter des débatteurs d’opinions supposées opposées. Or, force est de constater que les partisans de la droite sont toujours les plus nombreux, même si on tente de masquer ce déséquilibre en présentant l’un ou l’autre d’entre eux, comme « publicitaire », « écrivain » ou « éditeur », sans préciser qu’il appartient au staff de campagne de Sarkozy, comme c’est souvent le cas, ou bien tout simplement qu’il le soutient. Mais le comble de la manipulation réside dans le choix du représentant supposé de la gauche. Parce que c’est toujours quelqu’un de plus ou moins hostile à Ségolène. Soit qu’il se soit à ce point éloigné de la gauche qu’ils penche désormais pour la droite, soit qu’il soit d’extrême gauche, soit qu’ils soit proche d’un ancien adversaire interne du PS, ou bien qu’il appartienne à cette bulle politico-médiatique si prompte à la railler ou à manifester leur impatience et leurs exigences.

Les plus retors d’entre eux tiennent un discours qui est toujours le même et qui vaut d’être décrypté : sans doute sont-ils de gauche et le resteront-ils toujours, c’est pourquoi ils voteront Ségolène, mais comprenez bien à leur ton : la mort dans l’âme, parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. Et d’ajouter toujours avec force et véhémence : mais je ne supporte pas qu’on critique Sarkozy qui est un type bien, un vrai républicain et un vrai démocrate. Pour être subliminal, le message n’en est pas moins limpide.

Dans le même ordre d’idée, lu dans le NouvelObs de cette semaine, à propos du philosophe Jacques Rancière, dans un entrefilets clôturant l’article et sous le titre « Rancière lu par Ségolène » (ah bon parce qu’elle sait lire ?) :

« Détail amusant (évidemment, vous pensez bien qu’elle n’y a rien compris): « la Haine de la démocratie » (La Fabrique, 2005), plaidoyer en faveur d’une démocratie radicale, a récemment recueilli les éloges de la candidate Ségolène Royal. L’auteur ne s’en dit pas plus embarrassé que ça. » (Courageux philosophe qui supporte avec stoïcisme, c’est bien le moins, l’approbation d’une femme qui ne peut être qu’une idiote…)

Les commentaires entre parenthèses sont évidemment de mon cru. 

Et, c’est comme ça qu’à longueur de journée nous est insidieusement distillé, martelé le message selon lequel Ségolène est idiote et incompétente.

J’en suis navré pour nos « intellectuels de gauche », mais celui qui orchestre une telle campagne, au lieu de se battre à la loyale projet contre projet, n’est pas un type bien, un démocrate et un républicain.

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