Quelques idées simples (à propos de la social-démocratie)
Cela fait quelques lunes qu’on nous rebat les oreilles avec la social-démocratie. Comme s’il s’agissait d’une idée neuve. Or, il me semble, si mes souvenirs sont bons, que la social-démocratie est née au début du XXe siècle d’une scission au sein du mouvement ouvrier entre les partisans d’une révolution et ceux qui lui préféraient les voies légales du réformisme. En France, cette scission s’est opérée en 1920 lors du Congrès de Tour de la Section Française de l’Internationale Socialiste et a donné naissance au Parti Communiste Français. Depuis lors, la SFIO et le Parti Socialiste qui lui a succédé en 1971 n’ont cessé de se réclamer de cette approche réformiste de la transformation sociale.
Les mêmes ne cessent d’annoncer qu’il faut nous aligner sur les partis sociaux-démocrates européens, au seul motif que nous serions sensiblement différents. Sans doute, la démocratie est-elle la loi du plus grand nombre. Mais pourquoi devrions-nous renoncer à notre spécificité ? Au contraire, il me semble que nous avons tout lieu d’être fier de notre différence, ne serait-ce que pour les valeurs universelles que nous avons su faire adopter par le monde entier. Je ne suis pas persuadé que le monde attende nécessairement de nous que nous rentrions dans le rang en ralliant la pensée unique. Je suis bien convaincu, au contraire, qu’on espère de la France qu’elle fasse encore entendre une voix singulière dans le concert des nations. Qu’il s’agisse de politique internationale ou d’expérimentation sociale, nous devons demeurer les défricheurs que nous n’avons cessé d’être au cours de notre histoire.
Au demeurant, nous savons bien que les grelots ainsi agités n’ont d’autre objet politicien que de sonner l’hallali et d’autoriser la curée sur notre championne défaite ; ils dissimulent bien mal les basses manœuvres dictées par de seules ambitions personnelles.
Or, sans même qu’il soit besoin de polémiquer sur les vrais responsables de notre échec, une constatation simple devrait s’imposer : eu égard aux seules ambitions personnelles des uns et des autres (qu’un prétendu clivage politique ne parvient pas à dissimuler), seule Ségolène Royal me paraît en mesure de maintenir l’unité du Parti Socialiste et d’empêcher son éclatement. Comme j’ai pu le constater hier en réunion de section, il se trouve justement qu’une très large majorité de militants le souhaite, comme une très large majorité de ses électeurs qui rejoignent en nombre le parti socialiste à seule fin de l’y aider.