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Carnets de campagne d'un citoyen ordinaire
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12 avril 2007

Soutiens

De nombreuses vraies personnalités soutiennent chaleureusement la candidature de Ségolène Royal. Je citerai de mémoire parmi les plus célèbres :

Laure Adler, Jacques Audiard, Nicole Avril, Emmanuelle Béart, Pierre Bergé, Charles Berling, Didier Bezace, Dominique Blanc, Carole Bouquet, Cali, Philippe Caubère, Aimé Césaire, Edmonde Charles-Roux, Noëlle Châtelet, Patrice Chéreau, Hélène Cixous, Jamel Debouze, Jacques Delors, Antoinette Fouque, Juliette Gréco, Benoite Groult, Jacques Julliard, Julia Kristeva, Laam, Gérard Miller, Ariane Mnouchkine, Sarah Moon, Jeanne Moreau, Bernard Murat, Yannick Noah, Erik Orsenna, Michel Piccoli, Jean-Michel Ribes, Philippe Sollers, Philippe Torreton, Lambert Wilson ;

mais aussi :

Pierre Arditi, Bernard-Henri Lévy, Bernard Maris, Stéphane Pocrain, Nicolas Rey, Michel Rocard, Laurent Ruquier, Daniel Scheidermann ;

ainsi que beaucoup d’autres éminents chercheurs et universitaires moins connus du grand public.

Et comme de bien entendu, il n’est pratiquement jamais fait allusion à ces soutiens dans les médias, qui leur préfèrent quelques pantins du show business ou petits marquis de la bulle politico-médiatique, pourvu qu’ils soutiennent n’importe qui d’autre que Ségolène et puissent ainsi venir l’étriller jusqu’à plus soif sur les plateaux de télé.

Parmi ces vrais personnalités, j’en ai choisi deux qui me paraissent emblématiques, peut-être parce qu’ils campent aux deux extrémités de la chaîne des âges.

L’un, Thomas Piketty, le plus jeune, passe pour être le plus prometteur de nos meilleurs économistes. L’autre, Jean-Marcel Jeanneney fut l’un des plus honorables ministres du Général De Gaulle. Jugez plutôt.

Le Machisme Economique, Chronique de Thomas Piketty dans Libération du 9 avril 2007

Sa victoire permettrait de sortir enfin du machisme économique hexagonal

Ségolène Royal est une femme, donc nulle en économie ? Aussi grossier puisse-t-il paraître, ce syllogisme d'un autre âge pèse visiblement lourd dans les subconscients. A en juger par certaines réactions, nombre de commentateurs doctes et avisés ont manifestement du mal à aller au-delà de leurs préjugés machistes.

(Source : Libération, cité par Désirs d’Avenir)

Lettre ouverte de Jean-Marcel Jeanneney à Ségolène Royal

L'ancien ministre du Général de Gaulle a transmis sa lettre au Nouvel Observateur

"Madame, je ne vous ai entendue et vue qu’à la télévision. Mais vos propos, votre manière d’être, ont fait que, depuis plusieurs mois déjà, j’étais enclin à voter pour vous le 22 avril. Ayant lu attentivement votre livre, "Maintenant", je ne doute plus de le faire.

Cela dit – et sans vouloir vous écraser sous une telle référence en vous assimilant à cette très haute figure – j’ai le goût de vous dire que je constate d’assez nombreuses analogies entre ses idées et les vôtres, telles qu’elles apparaissent au long de vos trois centaines de pages. D’abord le volontarisme politique, puis l’attachement à la nation, à son passé et à son avenir, comme fondement nécessaire aux solidarités entre les individus vivant sur son sol ; la prise en compte des aspirations populaires mais sans soumission systématique à l’opinion ; l’idée, que de Gaulle énonça dès mars 1968 dans un discours à Lyon, que les activités régionales sont les ressorts de la puissance économique de demain ; encore, le fait que la France, dans un mode menaçant, ne doit pas renoncer à une puissance militaire forte.

(Source : Nouvel Observateur, cité par Désirs d’Avenir)


Coïncidence. Au moment où Jean-Marcel Jeanneney nous adressait cette lettre, dont il n’est pas nécessaire de souligner l’importance et l’originalité, Jean-Noël Jeanneney, son fils, quittait la présidence de la Bibliothèque Nationale de France. "Atteint par la limite d’âge", comme on dit. Mais derrière ce crétinisme administratif, il y a le sectarisme partisan : avant de quitter le pouvoir, Jacques Chirac sature la haute administration de ses créatures, dont évidemment l’ancien ministre de François Mitterrand n’était pas. Jean-Noël Jeanneney aurait très bien pu bénéficier des dispositions qui ont permis aux présidents de l’Opéra de Paris ou du Musée Guimet d’achever leur mandat au-delà de cette limite... Ségolène Royal a promis de mettre fin à ces mœurs claniques. En attendant, saluons celui qui est devenu en cinq années seulement un grand président de la BNF. Il lui a redonné la sérénité, l’initiative, la fierté de sa mission. Grâce à lui, la BNF a quitté la rubrique des faits divers et des conflits sociaux pour celle de la recherche et de la culture. Un grand serviteur de l’Etat !"

Madame la candidate, je vous souhaite de tout cœur bonne chance et vous assure de la grande considération que j’ai pour votre culture gouvernementale, pour votre intelligence, votre sensibilité et votre caractère."

J’ajoute que vous rejoignez le général de Gaulle sur trois points, de grande importance. Le premier est la sobriété que vous voulez dans le comportement quotidien de la présidence de la République et du gouvernement. Le deuxième est le recours à l’article 11 de la Constitution, que vous devrez inévitablement utiliser pour modifier celle-ci, en particulier concernant le Sénat. Le troisième est que, comme lui, vous vous appuyez sur un parti, ce qui est indispensable, mais que, comme lui, vous êtes d’un tempérament assez fort pour pouvoir, quand besoin est, vous en affranchir.

Entre vous et lui, il est encore un trait commun : quand on lui exposait un problème de façon abstraite, il vous interrompait : "Alors ! Pratiquement, que proposez-vous ?" Or toujours vous proposez ou esquissez une solution concrète.

Je suis fidèle à sa mémoire. La France, au cours de sa longue histoire, n’a guère eu de chef d’Etat de cette envergure, parfaitement indépendant de toutes les puissances financières et de tous les dogmes politiques, ne se laissant intimider par quiconque, discernant ce qu’allait être l’évolution du monde et percevant ce qu’étaient les intérêts à long terme de son pays. Mais je n’ai jamais cru à la possibilité d’un gaullisme sans de Gaulle et je me suis vite désolidarisé de ses prétendus héritiers.

Je suis un très vieux monsieur. Ministre du Général de Gaulle à trois reprises, je fus un des rares qui eurent l’honneur d’être reçu par lui à Colombey, après qu’il eut, en parfait démocrate, démissionné de la présidence de la République parce que désavoué lors du référendum qu’il avait décidé.

Thomas Piketty est directeur d'études à l'EHESS

Sa victoire permettrait de sortir enfin du machisme économique hexagonal.

Avec son parcours et son programme, un candidat masculin aurait peu de chances d'être attaqué sur sa crédibilité technique.

Plus généralement, la vérité est que Royal est la candidate la plus crédible pour s'attaquer au premier défi économique de la France, à savoir le déficit abyssal d'investissement dans la formation, la recherche et l'innovation. D'abord parce qu'elle est la seule à tenir les deux bouts de la chaîne en proposant à la fois de lutter contre l'échec scolaire à la racine (avec, enfin, un véritable ciblage des moyens en faveur des écoles défavorisées) et d'offrir au supérieur et à la recherche l'autonomie et la souplesse nécessaires pour figurer en bonne place dans la compétition internationale. Ensuite parce qu'elle est à la seule à pouvoir mener de concert ces réformes de structure tout en assumant l'indispensable hausse des moyens en faveur des universités (contrairement à son rival de droite, empêtré dans d'irréalistes promesses de baisses d'impôts).

Inversement, difficile de ne pas imputer au machisme économique ambiant la virulence des critiques adressées ces derniers jours au contrat première chance, proposé par Ségolène Royal. Et le fait que la conseillère sociale en charge du dossier ait également le mauvais goût d'être une femme (et inspiratrice d'excellentes propositions sur le service public de la petite enfance) n'a sans doute pas aidé. Que l'on reproche à ce nouveau contrat d'être encore incertain dans ses paramètres, passe encore. Il reste que la comparaison avec le CPE n'a aucun sens : alors que ce dernier concernait tous les jeunes et les mettait sous la coupe réglée des entreprises, le contrat première chance se concentre sur la petite minorité de jeunes sortis sans qualification du système éducatif et leur propose un parcours de formation en alternance. Surtout, tout laisse à penser que cette mesure ciblée aura un bien meilleur rendement économique que les nouveaux dispositifs d'exonérations de charges prônés par Sarkozy et Bayrou. L'exonération des heures supplémentaires défendue par le candidat UMP servira les insiders ayant déjà un emploi, mais sera par définition de peu d'utilité pour ceux qui en sont encore à chercher leur première heure de travail. Quand à l'exonération complète des charges pour deux emplois par entreprise, défendue par le candidat UDF, on croit rêver : applicable à toutes les entreprises quelle que soit leur taille et à tous les salariés quels que soient leur qualification et leur salaire, difficile d'imaginer un dispositif qui maximise à ce point les effets d'aubaine. Une entreprise passant de 520 à 522 salariés bénéficiera ainsi de la mesure à plein sans même s'en rendre compte. Par comparaison avec ces propositions, le contrat première chance de Royal est nettement moins coûteux et a l'immense mérite d'être beaucoup mieux ciblé et de se concentrer sur la population des jeunes sans qualification, auxquels les dispositifs actuels offrent peu d'opportunités pour reprendre le chemin de l'emploi et de la formation.

Qu'aurait-on entendu si Royal avait fait le même étalage de légèreté et d'ignorance des ordres de grandeur les plus élémentaires ? On pourrait multiplier les exemples. Le candidat UMP prétend vouloir revaloriser le travail tout en proposant de supprimer l'impôt sur la fortune acquise par héritage, et nombre de journalistes semblent hésiter à pointer cette évidente contradiction économique. De même, Sarkozy comme Bayrou semblent envisager une hausse de la TVA, en oubliant au passage que c'est ainsi que Chirac-Juppé avaient cassé la croissance en 1995, et que le moral des ménages français est plombé par la stagnation du pouvoir d'achat. Commise par la candidate, une telle erreur de diagnostic macroéconomique serait stigmatisée beaucoup plus durement.

Les candidats masculins peuvent se permettre d'aligner les inepties économiques (Sarkozy) ou encore de revendiquer le vide de leur programme (Bayrou). Mais il suffit que la candidate Royal laisse un détail dans l'ombre pour que sa compétence économique soit immédiatement remise en cause. Prenons l'annonce faite par Sarkozy d'abaisser les impôts de 4 points de PIB (produit intérieur brut) au cours de son mandat. Promesse invraisemblable s'il en est, puisque même Margaret Thatcher, en dépit de ses coups de boutoir forcenés sur les dépenses publiques, n'est parvenu à les réduire que de 2 points en dix ans !


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Commentaires
C
... à soutenir Ségolène et il est bon de la voir soutenue par des personnalités !
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